Journée internationale des systèmes d’information géographique (SIG) - 20 novembre 2024 | « Cartographier les esprits, façonner le monde : 25 ans d’excellence SIG »

Journée internationale des systèmes d’information géographique (SIG) - 20 novembre 2024 | « Cartographier les esprits, façonner le monde : 25 ans d’excellence SIG »

M. Amjed HADJ TAIEB

M. Amjed HADJ TAIEB
Ingénieur en GRN, Géo-information dans la gestion de l'environnement,
Observatoire Sahara et du Sahel

Qui aurait cru qu'un jour, nos cartes traditionnelles se transformeraient en véritables tableaux de bord numériques ? En cette Journée internationale des SIG 2024, célébrant le thème « Cartographier les esprits, façonner le monde : 25 ans d'excellence SIG », l'Afrique a plus que jamais son mot à dire !

Fini le temps où nos anciens devaient mémoriser chaque sentier, chaque point d'eau ! Aujourd'hui, l'Afrique utilise les systèmes d’information géographique (SIG) pour relever ses défis les plus pressants. Plusieurs projets SIG majeurs sont actuellement déployés à travers le continent, de la surveillance des cultures au Sahel jusqu'au suivi des éléphants en Afrique australe. 

Imaginez un instant pouvoir prédire la prochaine récolte depuis votre téléphone ou connaître les réserves d'eau disponibles d'un simple clic ! Non, ce n'est pas de la science-fiction, c'est la réalité du programme GMES&Africa (Global Monitoring for Environnement and Security and Africa). Cette initiative conjointe entre l'Union Africaine et l'Union Européenne, fait des merveilles en Afrique. Son secret ? Utiliser les données satellitaires pour suivre nos ressources, cartographier les moindres variations de terrain, surveiller les écosystèmes en temps réel et anticiper les besoins en eau et en nourriture avec une grande précision. Dans ce contexte et en Afrique du Nord, les résultats de l'utilisation des SIG et de la télédétection sont remarquables. Les agriculteurs tirent parti des prévisions saisonnières, ce qui leur permet d'améliorer l'estimation et la prévision des rendements agricoles. Les services ainsi développés, sont désormais indispensables pour assurer une cartographie précise des superficies cultivées et pour fournir des alertes précoces en cas de stress hydrique et de variabilité climatique. 

Une application mobile de pilotage de l'irrigation SAQIYA, a été développée par le Consortium GMES Afrique du Nord dans le cadre du projet GMES&Africa, et a pour objectif d'aider les agriculteurs à optimiser la gestion des ressources en eau pour l'irrigation des cultures. Grâce à ses fonctionnalités avancées, cette application permet une utilisation plus efficace de l'eau, tout en préservant la santé des plantes. En optimisant l'usage de l'eau, elle assure également de meilleures performances agronomiques. Ainsi, SAQIYA devient un outil essentiel pour les agriculteurs pour le pilotage de l’irrigation et l’amélioration des rendements des cultures. 

Pour illustrer davantage cette transformation, prenons l'exemple de quelques pays.

Au Burkina Faso et en Tunisie, le projet Digital Earth Africa a permis de suivre les tendances et dynamiques de dégradation sur le long terme, offrant une vision d'ensemble précieuse aux décideurs pour mieux comprendre et lutter contre ce phénomène majeur. En fournissant des informations actualisées, Digital Earth Africa contribue ainsi à éclairer les politiques et actions de restauration des terres, dans une optique de développement durable.

Au Kenya, le projet utilise les SIG pour aider plusieurs petits agriculteurs à optimiser leurs récoltes. (https://www.digitalearthafrica.org/taxonomy/term/1; https://www.digitalearthafrica.org/media-center/blog/delivering-higher-yields-farm-market).

Au Sénégal, dans le cadre du projet Copernicea, c'est la gestion de l'eau qui fait sa révolution numérique : la comptabilité écosystémique de l'eau analyse le cycle de l'eau ainsi que toutes les interactions, échanges et transformations liés à cette ressource. Elle permet également de mesurer la dégradation des écosystèmes pouvant être causée par l'épuisement et la pollution des ressources hydriques. Et que dire du Maroc, qui utilise les SIG pour planifier ses villes durables. 
(https://crts.gov.ma/cartographie_evolution_urbain.html;  https://crts.gov.ma/cartographie_urbaine.html).

Bien sûr, il reste encore de nombreux obstacles à surmonter, notamment d'un point de vue financier et matériel. Mais, pour les prochaines années, les experts africains en SIG, ont de grands projets en perspective : cartographier les zones à risque climatique, suivre la déforestation en temps réel pour préserver les forêts, et améliorer la planification urbaine pour, espérons-le, réduire les embouteillages. 

Il est donc essentiel de se former aux SIG, et de nombreuses universités africaines proposent désormais des programmes dédiés. En outre, participer aux projets de cartographie participative au sein de votre communauté et partager vos données géographiques devient de plus en plus crucial.

Comme dirait le proverbe : "Mieux vaut prévenir que guérir". Mais avec les SIG, nous pouvons faire les deux. Alors célébrons ces 25 ans d'innovation, et préparons-nous pour les prochaines années de cartographie intelligente !

Cette Journée internationale des SIG n'est pas qu'une célébration, c'est un rappel : l'Afrique ne se contente plus de figurer sur les cartes, elle les dessine elle-même !