"L'eau pour la paix" : Cette thématique, particulièrement poignante et pertinente, souligne l'importance cruciale de l'eau en tant que catalyseur de paix, de coopération et de stabilité mondiale...
M. Abdel Kader Dodo,
Conseiller - Chef de projets
Observatoire du Sahara et du Sahel
La Journée Mondiale de l'Eau 2024 célèbre cette année un thème particulièrement poignant et pertinent : "L'eau pour la paix". Cette thématique souligne l'importance cruciale de l'eau en tant que catalyseur de paix, de coopération et de stabilité mondiale.
La commémoration de cette Journée arrive au lendemain du 5e forum méditerranéen de l’eau tenu à Tunis du 5 au 7 février 2024 sur le thème « Ensemble pour une sobriété hydrique partagée », et à l’aube du 10ème Forum Mondial de l'Eau de Bali du 18 au 24 mai 2024, sur le thème « L’eau pour une prospérité partagée ».
Elle est l’objet de sensibilisation de l’opinion publique internationale à la pénurie d’eau exacerbée par les effets du changement climatique et à l’urgence de doter les bassins transfrontaliers d’un cadre de gouvernance durable de leurs ressources partagées pour satisfaire les besoins en eau des populations, notamment des quelques 2 milliards de personnes dans le monde n’ayant toujours pas accès à l’eau potable.
Mieux, la Journée Mondiale de l'Eau 2024 constitue un catalyseur de nombreux projets, programmes et initiatives, axés sur la promotion de la paix par le biais de la gestion durable de l'eau et ce, à travers des partenariats locaux et internationaux visant à promouvoir la paix par le partage équitable des ressources hydriques notamment celles transfrontalières. Le caractère transfrontalier doit être considéré comme facteur d’installation et/ou de renforcement de la paix, de la coopération et de la prospérité entre les peuples. Selon l’ONU-Eau (2023), ces ressources représentent 60% des flux d'eau douce de la planète et 153 pays ont un territoire dans au moins 1 des 310 bassins fluviaux et lacustres transfrontaliers et 468 systèmes aquifères transfrontaliers.
Dans le domaine de l’eau, l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS) a fait des ressources transfrontalières un axe stratégique appelé à jouer un rôle déterminant en soutien aux efforts inlassables des pays d’Afrique engagés dans la mise en œuvre de leurs politiques de développement durable.
En effet, en mettant à la disposition des pays concernés des outils et méthodes, l’OSS contribue à améliorer la connaissance des systèmes aquifères transfrontaliers dans leurs limites naturelles parfois en relation hydraulique avec des eaux de surface pour une meilleure gestion de leurs ressources partagées ainsi que la pérennité des réseaux hydrographiques et des écosystèmes associés. Une quinzaine de systèmes aquifères transfrontaliers seulement sont documentés sur les 108 identifiés en Afrique (UNESCO, 2022).
Au-delà de l’amélioration des connaissances, l’OSS élabore des protocoles d’accord pour la mise en place par les pays concernés, de cadres de gestion des eaux souterraines des aquifères transfrontaliers (9 dans le monde et 6 en Afrique sur 468 aquifères identifiés). Plus de 3.7 milliards de personnes dans le monde dépendent de ressources en eau transfrontalières. A cet égard, l’OSS encourage l’Hydro-diplomatie autour la gestion conjointe pacifique Eaux souterraines – Eaux de surface lorsqu’elles sont interconnectées.
Ses actions constructives pour le développement durable des ressources naturelles des bassins-versants transfrontaliers sur le continent lui ont prévalu d’occuper la Vice-Présidence du Réseau des Organismes de Bassins d’Afrique (RAOB). Il s’agit notamment de la conception, du développement et de l’application de plateformes d’alertes multirisques et de suivi des prélèvements d’eau et des rendements des terres agricoles (périmètres irrigués), assorties de sessions de renforcement des capacités pour leur prise en main.
Quant aux régions d’Afrique confrontées au stress hydrique voire à la pénurie d’eau notamment en Afrique du Nord (495 m3/hab./an en moyenne), l’OSS promeut le dialogue de haut niveau et les échanges des meilleures pratiques de gestion des eaux non conventionnelles (dessalement, déminéralisation, réutilisation des eaux usées traitées). En particulier en Afrique du Nord où les ressources en eau sont pour l’essentiel peu renouvelables, en moyenne plus de 70% sont consacrés à l’agriculture, 20% à l’eau potable et 10% aux activités industrielles. Le développement de pratiques agricoles à haute valeur ajoutée est donc encouragé.
Grâce à sa double accréditation auprès du Fonds d’Adaptation et du Fonds Vert pour le Climat, l’OSS s’engage activement à soutenir les pays dans leurs efforts pour accéder à la finance climat. Notre objectif est de renforcer la sécurité alimentaire des nations ayant en partage des régions et des zones agro-climatiques communes, ainsi que de développer et de mettre en place des stratégies communes d’adaptation au changement climatique.
Faisons du 22 mars 2024 la Journée d’information, de sensibilisation, d’échanges et partages d’expériences avérées pour une gestion pacifique, inclusive et durable des ressources en eau d’Afrique adressée à la Communauté internationale ainsi qu’à la 10e Session du Forum Mondial de l’Eau.