Journée mondiale des espèces menacées, 11 mai 2024

Journée mondiale des espèces menacées, 11 mai 2024

Project Management Officer

Mme Olfa Karous
Responsable de Gestion de Projets
Observatoire du Sahara et du Sahel

En cette journée dédiée à la sensibilisation aux espèces menacées, portons notre attention sur l'Afrique et sa riche diversité végétale. Un continent où la flore sauvage rivalise avec sa diversité culturelle, tandis que le poids du passé se fait sentir avec le regret des espèces perdues dans les méandres du temps. Aujourd’hui, alors que nous faisons face à la dure réalité de voir d'autres trésors naturels au bord de l'extinction, une crainte constante nous étreint. Néanmoins, nous entrevoyons un avenir empreint d'espoir, porté par la gratitude envers ceux qui s'engagent à sauvegarder notre précieux héritage végétal.

Rétrospective : le regret des espèces disparues
Dans les annales de l'histoire naturelle de l'Afrique, résonnent les échos des espèces disparues, autrefois florissantes et majestueuses dans leur habitat d'origine. Jadis, nos écosystèmes étaient des toiles vivantes où chaque plante ajoute sa propre nuance. Aujourd'hui, nous sommes confrontés au vide laissé par ces pertes irremplaçables, des chapitres arrachés à notre patrimoine végétal, laissant derrière eux un sentiment de regret et de nostalgie. Un exemple poignant de cette disparition est celui du Leucadendron spirale I.Williams, connu sous le nom de Conebush de Wolseley. Autrefois présent dans la vallée de la Breede River entre Wolseley et Botha (Afrique du Sud), cet arbuste à fleurs faisait partie intégrante du fynbos, formation végétale naturelle caractéristique du sud de l'Afrique du Sud. Sa trace restreinte à quatre occurrences entre 1801 et 1833 suggère qu'il ne survivrait que dans les pages d'herbiers.

Alerte au présent : la peur de perdre encore
Aujourd'hui, une réalité troublante se dévoile : malgré les efforts de conservation, de nombreuses espèces végétales restent sur la corde raide de l'extinction, menacées par la déforestation, le changement climatique, la pollution et d'autres activités humaines destructrices. Devant ce constat inquiétant, un chiffre révélateur s'ajoute : près d’un tiers (31,7 %) des espèces de plantes vasculaires d’Afrique tropicale pourraient être menacées d’extinction, soulignant ainsi l'urgence de la situation. À titre d'exemple, Brackenridgea zanguebarica Oliv., aussi connue localement sous le nom de "plane à écorce jaune" ou "Mutavhatsindi”, est un arbre largement exploité à des fins médicinales et magico-religieuses dans le district de Vhembe, Limpopo, en Afrique du Sud. Toutefois, la surexploitation croissante de ses racines et de son écorce, combinée à une collecte non durable, représente une menace sérieuse pour sa régénération, d'autant plus que les graines ont du mal à germer naturellement. Cette pression, associée à une inefficacité reproductive, a précipité un déclin critique de sa population, la plaçant sur le fil de l'extinction. Actuellement, cette espèce lutte pour survivre dans le seul village de Thengwe, mettant en évidence l'urgence impérieuse des efforts de conservation.

De même, les majestueux baobabs, emblèmes de la savane africaine, font face à un déclin alarmant. Parmi les neuf espèces répertoriées, trois sont sur le point de disparaître selon l'UICN : l'Adansonia suarezensis H.Perrier, l'Adansonia grandidieri Baill. et l'Adansonia perrieri Capuron. Leurs habitats sont dévastés par l'agriculture, la foudre, la sécheresse et d'autres facteurs. Surnommé « l’arbre à palabres» en Afrique de l’Ouest, le baobab incarne le rassemblement et la résolution communautaire. Sa disparition serait donc non seulement une tragédie écologique, mais aussi une perte culturelle et sociale.

Vers un avenir florissant grâce aux semeurs d'espoir
Au cœur de ces défis, une lueur d'espoir émerge peu à peu. Cela témoigne de la gratitude envers ceux qui s’investissent dans la préservation de la biodiversité. Ce sont les protecteurs silencieux de nos écosystèmes, les passionnés de la nature, les botanistes et les chercheurs qui luttent contre les forces du déclin. Un exemple marquant de ces semeurs d'espoir est l'équipe internationale de botanistes de l’Herbier National du Rwanda. Ces scientifiques ont redécouvert en 2023 une population significative de la Nymphaea thermarum Eb.Fisch., également connue sous le nom de nénuphar miniature du Rwanda, une espèce qui était autrefois éteinte à l’état sauvage. N'oublions pas non plus les populations locales qui, depuis des générations, préservent avec respect les plantes sacrées de leurs traditions. Leurs connaissances ancestrales et leurs pratiques durables, notamment en agroforesterie et en permaculture, contribuent à préserver la diversité floristique de leurs régions.

Cet engagement inspirant nourrit notre espoir en un avenir où les générations futures pourront encore s'émerveiller devant les merveilles de la nature africaine.