Enjeux et priorités de l’eau dans la mise en œuvre de la Grande Muraille Verte
Le dernier rapport du GIEC nous rappelle, encore une fois, les effets désastreux du dérèglement climatique sur la région du Sahara et au Sahel qui se caractérisent par une persistance de sécheresse depuis plus de trois décennies, fragilisant durablement les écosystèmes et accélérant la désertification. Cette sonnette d’alarme renouvelée nous rappelle à l’urgence de l’action et à la nécessité de trouver des solutions concrètes, conjointes, faisables et efficaces.
L’impact socio-économique de cette situation se fait ressentir. Aujourd’hui, plus de 135 millions d’habitants dont les moyens de subsistance reposent essentiellement sur l’exploitation des terres font face à l’insécurité alimentaire et les mouvements migratoires vers le Sud s’accentuent considérablement.
Inverser cette tendance à la dégradation des écosystèmes est devenu une urgence à laquelle se sont attelés les dirigeants Africains afin d'apporter une réponse adaptée à l’essor économique de la région. La Grande Muraille Verte (GMV) est l’une des importantes initiatives adoptées, visant à lutter contre la désertification et l’insécurité alimentaire à travers la mise en valeur des zones saharo-sahéliennes.
L’Initiative de la Grande Muraille Verte (IGMV), qui entre dans sa deuxième décennie est plus que jamais l’occasion d’asseoir une solution fondée sur la nature et la vitalité des écosystèmes Africains. Elle se veut constituer un pôle de développement socio-économique résiliant pour la population qui y vit et contribue ainsi au renforcement de la vision d’un Sahel, terre d’opportunités.
Il est important de rappeler qu’il s’agit d’une initiative panafricaine sur la question des terres qui rassemble en même temps des pays africains et partenaires internationaux sous l’égide de l’Union Africaine (UA), et coordonnée par l’Agence Panafricaine de la Grande Muraille Verte (APGMV). Conçue initialement pour lutter contre la désertification et la pauvreté en créant une bande de végétation allant de Dakar à Djibouti, la vision de la GMV a évolué vers une approche de gestion intégrée des écosystèmes. Cette vision est basée sur le système de production agricole, l’utilisation et la conservation durable des terres, leurs restaurations et la génération du couvert végétal ainsi que la gestion intégrée des ressources en eau.
La réussite des objectifs de l’initiative de la GMV implique nécessairement une gestion plus efficiente des ressources en eau ! Cette région, en dépit de son contexte aride est dotée d’un potentiel en eau considérable, constitué des ressources en eau permanentes des cours d'eau et des lacs transfrontaliers (fleuves Sénégal, Niger et Nil, lac Tchad), ainsi que celles des grands bassins aquifères partagés (Sénégalo-mauritanien, Iullemeden-Taoudéni/Tanezrouft, aquifères du lac Tchad et Grès de Nubie). Celles-ci sont encore faiblement exploitées et valorisées. Pour l’heure, la plupart des pays de la région sont au-dessus du seuil de stress hydrique : (Disponibilité en eau comprise entre 500 et 1000 m3/hab/an), ce qui leur offre encore des marges de manœuvre pour la mobilisation de ces ressources.
C'est une occasion, pour rappeler que l’OSS a, dès 2008, apporté sa contribution à cette Initiative, en clarifiant le concept du programme GMV et en participant activement à la définition des orientations nécessaires à sa mise en œuvre. Notre organisation a, en effet, pour vocation d’accompagner les Etats africains dans la gestion de leurs ressources naturelles en général et, des ressources en eau en particulier.
L’OSS a également coordonné et mis en œuvre des programmes d’envergure au niveau des pays de la Grande Muraille Verte. Plusieurs autres initiatives sont en cours de préparation, financées notamment, par les Fonds Climat, le GEF notamment. Ceux-ci permettent déjà à plusieurs pays de mener des actions de gestion durable des terres, de mobilisation des ressources en eau pour le développement de l’agriculture, d’adaptation aux aléas climatiques, de mise en place du système d’alerte précoce, mais aussi et surtout, de développer des outils de suivi-évaluation des opérations sur le terrain.
Nous nous étions fixés des ambitions dans le cadre de la trajectoire 2030 de la GMV. Nous avons visé la mutation des Pôles Ruraux d’Emergence Economique (PREE) en Pôles Ruraux de Production et de Développement Durable (PRPDD) à travers l’atteinte de résultats tangents : 100 Millions d’hectares restaurés ; 250 millions de tonnes de carbone séquestrés ou évités ; 10 millions d’emplois créés ; 400 millions de bénéficiaires).
Aujourd’hui, plus que jamais, la mise en place d’un cadre harmonisé et d’outils ainsi que la conduite d’actions permettant de suivre et d’évaluer les réalisations sur le terrain, relèvent de l’urgence afin que nos engagements et que nos ambitions prennent forme et vie.
L’OSS, qui célèbre cette année, le trentième anniversaire de son existence, réaffirme son eng