Rappelant les objectifs du Cadre stratégique de la Convention des Nations Unies sur la Lutte Contre la Désertification (CNULCD 2018-2030, adopté lors de la 13e réunion de la Conférence des Parties (CoP13), les Objectifs de Développement Durable (ODD), l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, la décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes ainsi que les objectifs des trois Conventions de Rio,
Conscients du défi pressant que représente la dégradation des terres et qui compromet la sécurité alimentaire, la biodiversité, et le bien-être économique et social des populations,
Convaincus des bénéfices de la conservation des terres et de l’intérêt de renverser la tendance en termes de dégradation des terres en intégrant des approches durables et inclusives qui permettent le rehaussement du niveau de la résilience des écosystèmes et des populations,
Soulignant que l’Afrique est l’un des continents les plus affectés par le changement climatique qui exacerbe l’insécurité alimentaire, le stress hydrique, la pauvreté, les conflits liés à l’accès aux ressources naturelles et les phénomènes migratoires,
Nous, participants à la Conférence Internationale « Terres d'Afrique : La dégradation et l’impératif de la gestion durable », qui s’est tenue en Tunisie, les 25 et 26 juin 2024 dans le sillage de la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse (le 17 juin), lançons un appel solennel de mobilisation à tous les acteurs concernés en vue de préserver et restaurer les terres en Afrique et d’assurer une prospérité pérenne et équitablement partagée.
A cet effet, et en vue d’atteindre cet objectif commun, nous recommandons les actions suivantes :
1. La promotion des pratiques durables, intelligentes et climatiquement résilientes
- Adopter des techniques durables comme l'agroforesterie, l'agriculture de conservation, la gestion intégrée, la Régénération Naturelle Assistée, pour restaurer les terres dégradées.
- Favoriser des pratiques agricoles à même d’accroître la productivité et la durabilité des terres.
2. Le renforcement de la recherche scientifique et la diffusion des connaissances
- Soutenir la recherche scientifique et le développement d'innovations technologiques pour lutter contre la dégradation des terres et améliorer la gestion des ressources naturelles.
- Faciliter le partage des connaissances et des meilleures pratiques entre les acteurs impliqués dans la gestion durable des terres.
- Standardiser les normes de cartographies thématiques entre les pays africains notamment au niveau des sous-régions.
3. L’harmonisation des méthodes et le développement d'outils d'interprétation intelligents
- Promouvoir une harmonisation des méthodes de l’évaluation de la dégradation des terres et développer des échelles d'interprétation intelligentes et intégrées pour une évaluation juste et précise de la dégradation des terres.
- Mettre en œuvre l'approche de la CECN (Comptabilité Ecosystémique du Capital Naturel) pour caractériser et évaluer la dégradation des terres et ses coûts réels.
- Élaborer des stratégies équitables et adaptées aux contextes locaux, en intégrant une approche holistique qui combine la planification de l'utilisation des terres avec la promotion de la conservation et de l'agriculture durable.
4. Le renforcement des partenariats stratégiques
- Favoriser les partenariats entre les institutions de développement et de recherche, les pays, les ONGs, les communautés locales et le secteur privé pour une lutte plus efficace contre la dégradation des terres.
- Promouvoir la collaboration multidisciplinaire pour enrichir l'élaboration d'outils de caractérisation et de diagnostic complets de la dégradation des terres.
- Redynamiser et étendre les initiatives régionales à l'instar de la Grande Muraille Verte (GMV).
5. La mobilisation des ressources financières adéquates
- Innover dans la recherche de financement et diversifier les sources de financement.
- Renforcer les capacités des pays africains à mobiliser, allouer et gérer efficacement les ressources financières dédiées à la gestion durable des terres permettant ainsi aux institutions régionales et nationales de soumettre des propositions de projets bancables.
6. L’intégration de la gestion durable des terres dans les politiques publiques
- Élaborer des politiques nationales et régionales robustes qui intègrent la gestion durable des terres dans les plans de développement économique, et les stratégies sectorielles (agricole, environnementale…).
- Adapter les politiques publiques aux réalités et besoins spécifiques des populations locales pour une gestion efficace des terres.
- Mettre en place des mécanismes de suivi de la mise en œuvre des stratégies et des politiques nationales ayant trait à la lutte contre la dégradation des terres.
7. La création d’emplois et d’opportunités économiques
- Créer des opportunités d'emploi vert et des activités génératrices de revenus, en particulier dans les zones rurales, pour réduire la pression sur les terres.
- Promouvoir l'entrepreneuriat rural et l'innovation pour créer des emplois décents et pérennes dans le secteur de la gestion durable des terres.
8. L’implication des communautés locales et la valorisation de leurs savoirs
- Intégrer les savoirs traditionnels et les innovations locales dans les projets de conservation et de cogestion des ressources naturelles.
- Renforcer la participation active des communautés locales à la prise de décision et à la mise en œuvre des initiatives de lutte contre la dégradation des terres.
9. La sensibilisation, l’implication et la mobilisation de la société civile
- Mener des campagnes de sensibilisation et d'éducation auprès des décideurs et des populations afin de promouvoir une prise de conscience des enjeux liés à la dégradation des terres et encourager les comportements responsables.
- Encourager la participation active de la société civile à la formulation, la mise en œuvre et le suivi des politiques de lutte contre la dégradation des terres.
- Renforcer les actions de communication, de plaidoyer et de sensibilisation pour fédérer les efforts et mobiliser les ressources nécessaires à la lutte contre la dégradation des terres.
10. L’adoption d’une approche préventive et proactive, holistique et concertée
- Privilégier des approches de gestion préventives pour éviter la dégradation des terres et des ressources naturelles.
- Baser les décisions politiques sur des données scientifiques solides et utiliser les technologies d'Observation de la Terre par satellite pour un meilleur suivi de l'état des terres.
- Combiner des actions à tous les niveaux, local, national et international, pour une lutte efficace contre la dégradation des terres.
- Renforcer la coordination institutionnelle et la collaboration entre les différents acteurs concernés par la gestion durable des terres.
Adoptée le 26 juin 2024, à Tunis