Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse - 17 juin 2024 "Unis pour la terre : Notre héritage. Notre avenir"
M. Youssouf AMADOU
Spécialiste de Développement Durable
Sahara and Sahel Observatory
Au cours des cinquante dernières années, notre planète a perdu un tiers de ses terres arables, affectant ainsi la moitié de la population mondiale. Cette perte menace notre capacité à nous nourrir et met en péril d'innombrables espèces en raison de la destruction de leurs habitats. Mais les impacts de la désertification vont bien au-delà. La déforestation qui affecte les forêts, principaux réservoirs de carbone de notre planète, modifie les cycles de l'eau et accentue le réchauffement climatique. Selon l'ONU, environ 45 % des terres africaines sont touchées par la dégradation. Le Montpellier panel a estimé que la perte économique en Afrique due notamment, aux pressions démographiques et aux pratiques agricoles inadéquates, s’élève à environ 68 milliards de dollars par an.
Dans ce contexte, comme chaque 17 juin, l’humanité est appelée à célébrer la Journée mondiale de la désertification et de la sécheresse. A cette occasion, le slogan « Unis pour la terre. Notre héritage. Notre avenir » vise à sensibiliser le public à l'urgence de protéger nos terres et à promouvoir une gestion durable des ressources naturelles. Cela nous offre une opportunité de réfléchir à l'état de notre environnement, en particulier en Afrique, où ces défis sont particulièrement pressants. Cette Journée souligne également l'urgence de forger un avenir résilient pour les générations à venir.
La communauté internationale s’est fixée jusqu’en 2030 pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD), dont l'arrêt et l'inversion de la déforestation. Cependant, rien n’indique que nous serons en mesure de restaurer les millions d’hectares de terres dégradées dans les six années à venir...
« Mais dans les ténèbres, jaillit toujours la lumière de l’espoir ».
Dans de nombreuses cultures africaines, la nature est considérée comme sacrée. Des croyances de peuples autochtones imprègnent les sociétés, où les arbres, les rivières, les montagnes et les animaux sont vénérés en tant qu'entités vivantes et dotées d'esprits. Cette perception façonne les relations entre les communautés et leur environnement naturel, les incitant à adopter des pratiques de conservation et de gestion durable des ressources. Les communautés tribales ont longtemps vécu en harmonie avec la nature, tirant profit de ses bienfaits tout en respectant ses limites. La chasse, la pêche et l'agriculture étaient pratiquées de manière équilibrée, dans le respect des cycles naturels et des traditions transmises de génération en génération.
Cependant, l’évolution rapide de la société africaine a mis à rude épreuve cette harmonie. L'urbanisation galopante exerce une pression croissante sur les terres et les ressources naturelles, menaçant les écosystèmes fragiles et les modes de vie traditionnels. La déforestation, résultant de la conversion des terres pour l'agriculture et l'exploitation forestière, met en péril la biodiversité et les services écosystémiques. Les phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents, les sécheresses prolongées et les inondations dévastatrices menacent les moyens de subsistance de millions de personnes, exacerbant la pauvreté, l'insécurité alimentaire et les migrations forcées dans de nombreuses régions, en particulier dans les zones arides et semi-arides.
Ce triste état de fait est connu de tous les acteurs et ne cesse de faire écho au sein de la communauté scientifique, qui tire régulièrement la sonnette d’alarme. Que fait-on réellement pour inverser ces tendances ? Quelles solutions privilégier pour parvenir à un avenir résilient pour les générations futures ?
En réponse à ce constat et en accord avec ses missions, l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), avec le soutien de ses partenaires, organise les 25 et 26 juin une conférence internationale sur la dégradation des terres en Afrique. Cet événement réunira des experts de haut niveau et des décideurs politiques, afin de mettre en lumière l’état et les causes profondes de la dégradation des terres et proposer des pistes de solutions à travers le partage d’expériences et l'identification de stratégies innovantes permettant de déclencher des actions concrètes de préservation et de restauration de ces terres.
Cette Conférence se propose d’explorer diverses facettes de cette problématique complexe à travers des sessions thématiques variées. Chaque panel abordera une dimension spécifique du défi. Des ministres responsables de la gestion des terres de divers pays africains, conviés à cet événement, discuteront des politiques publiques clés pour la restauration des terres et exploreront comment les gouvernements peuvent renforcer leur action face à cette urgence environnementale.
A cette occasion, l’OSS présentera le livre documentaire « Terres d’Afrique : la dégradation et l’impératif de la gestion durable », dont les contenus nourriront et enrichiront les débats. Ce livre se veut un appel à l'action pour les décideurs, les scientifiques, les communautés locales et tous les acteurs impliqués dans la préservation de l'environnement. La gestion durable des ressources naturelles n'est pas seulement une nécessité écologique, mais un impératif moral pour garantir un avenir viable et prospère.