5e Atelier régional de Copernicea : Echanges autour des bonnes pratiques de la comptabilité écosystémique du capital naturel

« La destruction de centaines d’arbres, quel qu’en soit le motif, ne se limite pas à cette seule perte. Cela supprime aussi des sources de revenus pour les communautés riveraines, modifie les habitats naturels de nombreuses espèces et perturbe les services qu’offrent les écosystèmes », a déclaré M. Hédi Chebili, Directeur Général de l’Environnement et de la Qualité de la Vie en Tunisie, en ouverture du 5e atelier régional du projet Copernicea, qui s’est tenu à Tunis, les 27 et 28 juin 2024.

Lors de cet événement, un parterre d’experts, de représentants gouvernementaux et d’organisations internationales ont débattu de l’intérêt de la comptabilité écosystémique du capital naturel (CECN) comme levier de planification pour une utilisation rationnelle des ressources naturelles en Afrique. Ils ont rappelé que le capital naturel joue un rôle crucial dans le développement socio-économique du continent et ont appelé à une gestion raisonnée dans une perspective de croissance durable et inclusive.

Les participants ont mis l’accent sur les efforts déployés par les six pays africains bénéficiaires du projet Copernicea (Burkina Faso, Guinée-Conakry, Maroc, Niger, Sénégal et Tunisie) pour intégrer les aspects environnementaux dans les programmes de développement durable. Ils ont appelé à promouvoir la CECN auprès des institutions génératrices des données nécessaires à la préservation du capital naturel, des gestionnaires des ressources naturelles, mais aussi auprès des décideurs politiques et des planificateurs afin d’intégrer les comptes écosystémiques dans les comptabilités nationales. Adopter une approche standardisée aiderait les pays africains à produire des comptes qui leur permettent de faire le suivi de l’état de leurs écosystèmes et à renseigner le Cadre Mondial de la Biodiversité (CMB) de la Convention des Nations-Unis sur la Diversité Biologique, ont-ils expliqué.

Les intervenants ont longuement discuté de l’importance de la disponibilité, de la collecte et du traitement des données. Il a été rappelé que la plateforme AfrikENCA, développée dans le cadre de Copernicea et dont les comptes à l’échelle continentale sont d’ores et déjà intégrés à l’UN Biodiversity Lab, pourrait être reproduite à l’échelle nationale, locale voire sectorielle dans les pays africains.

Les échanges ont identifié le rôle de la recherche scientifique dans le développement des applications de la CECN et ont relevé l’importance de renforcer les partenariats interuniversitaires et l’utilisation des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle afin d’améliorer les méthodologies de collecte, de traitement et d’analyse des données pour le suivi et l’évaluation des écosystèmes, mais aussi l’intérêt de développer des modèles prospectifs à partir des comptes écosystémiques pour identifier les opportunités de réhabilitation. La mobilisation de la communauté scientifique dans les travaux de modélisation et d’automatisation contribuerait à faciliter l’appropriation des outils de la CECN par les acteurs concernés.

Les discussions ont également porté sur les financements de la conservation du capital naturel et ont identifié le rôle que peut jouer l’OSS, centre régional technique et scientifique pour la biodiversité et entité accréditée auprès des Fonds Climats, dans les négociations avec les partenaires techniques et financiers au profit de ses pays membres.

Une attention particulière a été portée sur la sensibilisation des décideurs et des acteurs concernés par la gestion des ressources naturelles, et sur la communication sur la CECN, ses enjeux et ses impacts, pour une action conjointe des six pays bénéficiaires de Copernicea lors des événements et forums internationaux.

Les sessions de l’atelier ont permis d’alimenter la réflexion sur les orientations de la prochaine phase du projet Copernicea et de formuler des recommandations dont la principale est de renforcer le rôle de l’OSS en tant que Hub régional ainsi que son appui aux pays africains, en fonction de leurs besoins, dans l’utilisation de la CECN au service de leurs stratégies nationales de développement durable et de protection de l’environnement.