Journée mondiale des abeilles, 20 mai | « Volons au secours des abeilles, avec les jeunes » 

Journée mondiale des abeilles, 20 mai | « Volons au secours des abeilles, avec les jeunes » Les abeilles, petites de taille mais grandes d’importance !

Mme Malak Chalbi

Mme Malak Chalbi
Ingénieur Agronome 
Spécialiste en gestion des écosystèmes et de la faune sauvage
Observatoire du Sahara et du Sahel

Commençons par le commencement. Sur notre planète, existe un processus naturel appelé « Pollinisation » qui a un grand rôle dans la sécurité alimentaire de l’être humain, l’équilibre écologique et la conservation de la biodiversité. Ce processus est orchestré par des animaux pollinisateurs.

Il y a une masse d’agents pollinisateurs comme les papillons, les coléoptères, les mouches et même des vertébrés comme les chauves-souris, les singes, les rongeurs, les oiseaux… mais ce sont les abeilles qui sont à l'honneur aujourd'hui, reines de ces pollinisateurs, et en plus, c’est leur journée mondiale !

Nous avons tendance à sous-estimer l’importance de ces petits êtres vivants, leur rôle demeurant plutôt méconnu. Eh bien, les abeilles sont essentielles pour la survie des écosystèmes, et par conséquent, la nôtre. Qui l’eût cru ? 

Que ce soit dans les écosystèmes naturels ou gérés par l’homme, la pollinisation est une pièce maîtresse. C’est elle qui tient le fil entre les espaces sauvages et les systèmes de production agricole. La plupart des espèces de plantes à fleurs en dépendent pour produire des graines, donnant naissance à votre citrouille, votre tomate, votre café, ou encore votre pomme. 

Autre exploit des abeilles : elles contribuent à la reproduction des arbres, et donc aux actions de reforestation. Elles servent aussi de sentinelles pour les risques environnementaux émergents en fournissant des informations sur l'état de santé des écosystèmes.

A chaque étape de sa vie, l’abeille exerce différents métiers. Nettoyeuses, maçonnes, gardiennes, magasinières, butineuses, nourrisseuses des larves … et de l’être humain, du coup. De vraies héroïnes qui travaillent dur pour la gloire de leur espèce, mais qui ont aussi le pouvoir d’offrir un avenir doré aux générations futures de l’Homme… si on en saisit l'occasion.

Malheureusement, il y a toujours un mais, ces créatures impressionnantes sont menacées en raison du manque de diversification des cultures, de l'agriculture intensive, de l'utilisation des pesticides, de la perte d'habitat, des maladies, ainsi que du changement climatique.

Toutefois, l'apiculture modernisée, basée sur des pratiques durables peut représenter une lueur dans cette obscurité. Et en parlant des générations futures, on pourrait apporter cette touche de modernité en formant les jeunes dans le secteur pour le développement de la filière de l’apiculture. Des projets pédagogiques et des programmes de sensibilisation motiveraient la jeunesse à s’investir dans le domaine et à participer aux efforts de protection des pollinisateurs. 

Surtout qu’en Afrique, il y a un énorme potentiel sous-exploité dans ce secteur. L’apiculture est une activité économique à faible impact environnemental, qui demande de faibles investissements. Elle peut créer des activités génératrices de revenus, procurer des gains significatifs et renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations rurales qui dépendent largement des produits forestiers pour leur subsistance. En plus, alors que les abeilles sont menacées d’extinction en Europe, elles se portent mieux en Afrique grâce à la moindre utilisation des produits chimiques.

Pour exploiter ce potentiel, une collaboration respectueuse entre les humains et les abeilles s’impose. La ruche est un « superorganisme » doté d'intelligence, de cohésion, de communication, d'organisation, de résilience, d'agilité, de performance… On devrait donc s’inspirer et apprendre du fonctionnement des abeilles. 

Des actions coordonnées à l'échelle du continent pour surveiller le déclin des pollinisateurs, traiter l'absence d'informations sur ces derniers et évaluer l'incidence économique de la réduction des services de pollinisation doivent être menées. A petite échelle, maintenir un ensemble varié de plantes et encourager les friches dans nos espaces verts, favoriser les pratiques de jardinage naturel, éviter d’utiliser des pesticides, des fongicides ou des herbicides, diversifier les cultures et privilégier l'achat de miel brut issu des apiculteurs locaux sont des actions qui peuvent faire la différence. Petits et grands gestes contribuent à préverser les abeilles, à favoriser une pollinisation plus étendue et à améliorer la diversité, la qualité et la quantité des aliments, ce qui profite aux populations humaines, aux animaux sauvages et aux écosystèmes. 

Retenez bien : ce qui est petit n'est pas insignifiant ! 
Alors la prochaine fois que vous croiserez une abeille, tirez-lui votre révérence.