Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse | « Terre des femmes. Droits des femmes. », « Her Land. Her Rights »

Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse | « Terre des femmes. Droits des femmes. », « Her Land. Her Rights »

Youssouf Amadou

M. Youssouf Amadou 
Assistant technique, 
Observatoire du Sahara et du Sahel

Le phénomène de la désertification et de la sécheresse affecte de plus en plus de pays, entraînant des conséquences considérables. De nombreux pays dans le monde sont vulnérables aux effets dévastateurs de la sécheresse, qui peuvent avoir un impact significatif sur les ressources naturelles et la qualité de vie des populations. Ces dernières années, des régions telles que l'Europe, l'ouest des États-Unis, le Chili, l'Australie et la Corne de l'Afrique ont toutes subi des sécheresses extrêmes, soulignant l'ampleur mondiale de ce problème.

Au cours des deux dernières décennies, de 1998 à 2017, les sécheresses ont entraîné des pertes économiques d'environ 124 milliards de dollars dans le monde, engendrant des souffrances et des pertes humaines (source : IDRA). Les risques de sécheresse sont répartis de manière inégale et affectent plus durement les moins aptes à faire face à ces situations, les femmes étant particulièrement affectées. Selon la Convention des Nations unies sur la Lutte Contre la Désertification (CNULCD), les pays les plus touchés par la désertification et la dégradation des terres sont principalement situés en Afrique, en Asie et en Amérique latine. 

En Afrique, la désertification et la sécheresse constituent un défi majeur pour les communautés rurales qui dépendent de l'agriculture et de l'élevage pour leur subsistance. Les facteurs qui contribuent à ce phénomène sont variés tels que le changement climatique, la déforestation, l'agriculture non durable et la surexploitation des ressources naturelles. Les conséquences directes sont notamment la perte des terres fertiles, la diminution des ressources en eau, la dégradation des écosystèmes et la menace sur la sécurité alimentaire.

La désertification et la sécheresse ont des répercussions considérables sur les populations africaines telles que la pauvreté, la migration forcée, les conflits liés aux ressources naturelles et les disparités de genre. Les femmes, qui représentent la majorité des travailleurs agricoles, sont souvent confrontées à des obstacles pour accéder à la terre, aux ressources naturelles et aux services de soutien, tels que les crédits, les formations et les infrastructures.

Ce 17 juin marque la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, une occasion pour sensibiliser le public à ces enjeux critiques et encourager la coopération internationale dans la lutte contre ce fléau. Le thème de cette année rend hommage aux femmes "Her Land. Her Rights" (Sa terre. Ses droits) et met en avant l'importance de garantir aux femmes, en particulier les autochtones, l'accès équitable aux terres.

Les femmes africaines sont souvent exclues des processus de prise de décision sur les questions foncières. Selon un rapport de l'Union africaine, elles ne possèdent que 1% des terres en Afrique et représentent seulement 15% des titulaires de droits fonciers formels. Cette situation précaire les expose à des risques de déplacement, de marginalisation et de pauvreté.

Pourtant, ce sont les actrices clés de la lutte contre la sécheresse et le changement climatique. Elles ont des connaissances précieuses sur les pratiques agricoles traditionnelles, la gestion des ressources naturelles et la conservation de la biodiversité. Elles sont également des défenseurs de l'environnement et des droits humains et contribuent à la résilience des communautés face aux chocs climatiques. Le travail de Wangari Muta Maathai (Prix Nobel de la paix en 2004), qui était une militante et fondatrice du Mouvement de la Ceinture Verte, est un exemple inspirant de la façon dont l'engagement des femmes en faveur de l'environnement peut contribuer à renforcer la résilience des communautés et leurs actions pour lutter contre la déforestation et la désertification. 

Pour permettre aux femmes de jouer pleinement leur rôle dans la lutte contre la désertification et la sécheresse, il est essentiel de garantir leurs droits fonciers. Cela nécessite des mesures concrètes pour promouvoir l'égalité des genres dans les politiques foncières, renforcer les capacités des femmes en matière de gestion des terres et leur accorder un soutien financier et technique pour leurs activités agricoles et de gestion des ressources naturelles. 

La Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse est une occasion de rappeler que l'accès au foncier est un droit fondamental pour les femmes, en particulier les autochtones et une condition essentielle pour garantir leur sécurité alimentaire, leur autonomie économique et leur dignité. C'est également un appel à l'action des gouvernements, des organisations de la société civile et du secteur privé pour renforcer leur engagement en faveur de l'égalité des genres et de la lutte contre la sécheresse en Afrique et dans le monde entier.

Il est important de lancer un appel à une action collective pour soutenir les initiatives de lutte contre la désertification et la sécheresse, en investissant dans des solutions durables, en renforçant les capacités locales et en favorisant la coopération internationale. Les initiatives à soutenir peuvent prendre la forme de projets innovants de conservation des sols, de gestion de l'eau, de reboisement et de pratiques agricoles durables, visant à restaurer les écosystèmes dégradés et à renforcer la résilience des communautés africaines, à l’instar de l’Initiative de la Grande Muraille Verte. 

En célébrant cette journée, nous réaffirmons notre engagement en faveur de l'égalité des genres, de la justice sociale et de la préservation de notre environnement. Ensemble, nous pouvons contribuer à bâtir un monde où les femmes ont le droit de posséder, d'utiliser et de bénéficier de la terre de manière égale, pour le bien de tous et pour les générations futures.

L’OSS, en sa qualité d’Organisation membre de l'Alliance internationale pour la résilience face à la sécheresse (IDRA) lancée à l’occasion de la 27e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, s’est engagé aux côtés des autres partenaires lors de la conférence sur l’eau organisée par les Nations unies à New York, le 23 mars 2023, pour faire de la résilience face à la sécheresse une priorité de l'agenda politique mondial (https://idralliance.global).

Sensibiliser c’est bien, agir c’est encore mieux !